Enfin, l’une des meilleures façons de basculer, de flirter avec un ailleurs est sans doute de plonger dans le thriller. Dans « Homicide Post Mortem », le docteur Olivier Kourilsky, passé avec brio de la néphrologie à l’écriture de romans policiers, franchit toutes les frontières. Celle, peut-être, de la mort : le commissaire principal Machefer, pourtant abattu par Maupas quinze ans plus tôt, est-il revenu des enfers pour accomplir sa vengeance ? Même écriture turquoise sur des papiers Vélin, même arme du crime, même absence totale de scrupules. Bien sûr, impossible de croire à la thèse du « zombie », comme l’ont désigné Claude Chaudron, la chef de groupe et son équipe. Mais l’enquête qui débute va forcer la jeune femme, épaulée par son maître Maupas, à fouiner de l’autre côté des apparences, de l’autre côté des certitudes et comment souvent une telle investigation conduit à soupçonner tout le monde et surtout ses plus proches. Mais il faut faire vite, protéger tous ceux qui pourraient être sur la liste du revenant et notamment le professeur Banari, néphrologue proche de la retraite (toute ressemblance avec l’auteur…) qui lui aussi est plongé dans un ailleurs cauchemardesque : sa fille cadette est détenue au Laos, soupçonnée de trafic de drogue. Avec humour, multipliant les renvois amusés à ses thrillers précédents, distillant quelques anecdotes sur sa (longue) vie de praticien hospitalier, ne comptant pas les pistes brouillées et les indices tortueux, Olivier Kourilsky s’amuse à nous faire tourner d’un côté et de l’autre.
Aurélie Haroche
JIM Plus, 6 avril 2013