Interview de Sylvain Regnier pour le groupe « des livres et nous »
Notre rencontre du dimanche avec un auteur, aujourd'hui : Olivier Kourilsky.
1) Présentez-vous en quelques mots
Je suis médecin néphrologue, ancien chef de service hospitalier, en activité maintenant réduite, et auteur de 9 romans policiers (dont 3 ont eu la chance d’être primés) et d’un livre de mémoires. Ma préférence s’est portée vers le polar. J’ai toujours eu beaucoup de mal à me prendre au sérieux, et le roman policier me permettait d’aborder la littérature sous une forme un peu ludique (ce qui ne retire rien à l’exigence de qualité !). De plus, le diagnostic médical, c’est un peu comme une enquête de police : je me sentais donc à l’aise dans cette démarche. En revanche, je l’avoue (peut-être à cause de mon métier ?), j’ai du mal à verser dans le gore avec 3 litres d’hémoglobine par page ou 25 psychopathes par chapitre…
2) Parlez-nous de votre dernier ouvrage.
Exceptionnellement, ce n’est pas un polar. « La médecine sans compter », paru en mars 2019, retrace un demi-siècle de médecine hospitalière vécue avec passion, au moment où la néphrologie (qui prend en charge les maladies rénales) venait de naître, avec les avancées formidables de la dialyse et de la greffe. Je voulais aussi témoigner de l’époque où les avortements clandestins et leurs complications dramatiques étaient si fréquents, période qu’on a maintenant un peu oubliée. Ce livre fourmille d’anecdotes parfois drôles, parfois bouleversantes, et veut illustrer le côté profondément humain de ce métier. La médecine, il faut l’aimer sans compter !
3) Depuis quand écrivez-vous ?
J’ai commencé sur le tard, il y a une vingtaine d’années, mais l’idée d’écrire autre chose que des articles scientifiques et des livres « techniques » me trottait dans la tête depuis un moment !
4) Que vous apporte l’écriture ?
Le plaisir d’imaginer des intrigues qui, j’espère, tiennent le lecteur en haleine. Il y a un côté grisant à concocter des histoires et inventer des personnages. La vie ne nous donne pas le choix, mais là on est Dieu le père ! En outre, on s’instruit lors de l’indispensable documentation. Il y a aussi les contacts avec les lecteurs lors des salons et dédicaces, les rencontres avec d’autres auteurs.
5) Dans quelle condition écrivez-vous ?
Je n’ai aucune règle particulière. J’aime bien écrire le matin à la fraîche, mais je peux me mettre à écrire à n’importe quelle heure, dans le train, entouré de monde chez moi, en musique ou sans musique, et parfois la nuit quand je suis en pleine fièvre d’inspiration. Je peux rester aussi des jours sans écrire en raison de mes autres activités.
6) Quelle est votre source d’inspiration ?
Un souvenir, une anecdote, une étincelle subite, une image vue sur la Toile… Je construis ensuite mon intrigue autour de cela. Mes histoires sont fictives, même si quelques anecdotes vécues peuvent y être incorporées. Quoiqu’il en soit, j’évite d’utiliser des faits divers ou des histoires criminelles réelles.
7) Êtes-vous écrivain à part entière ou exercez-vous une profession à coté ? Si oui laquelle ?
Je suis médecin. J’ai commencé à écrire des romans policiers alors que j’étais encore en activité à plus que temps plein, mais les modestes droits d’auteur ne pourraient pas me faire vivre !
😎 Que vous apporte-t-elle par rapport à votre travail d’écrivain ?
Une atmosphère particulière. La plupart de mes polars se déroulent dans le milieu médical que je connais bien. Cela leur donne une « couleur » humaniste.
9) Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
Oui, un autre roman policier mais je n’en ai pas encore la trame j’ai toujours une petite « période réfractaire » après avoir publié un ouvrage. Je laisse l’inspiration venir.
10) On dit souvent que l’auteur « fait passer un message » : est-ce le cas pour vous ? Si oui quel est ce message ?
Il varie selon les polars, mais il y en a souvent dans chaque livre, où tel ou tel problème particulier est abordé (avortements clandestins, guerre d’Algérie, prédation sexuelle sur internet, greffes d’organes, etc.)
11) Si vous deviez changer quelque chose dans votre carrière d’écrivain, ce serait quoi ?
Carrière est un bien grand mot ! Il est très difficile de « percer » dans ce créneau très encombré et concurrentiel. Je n’ai pas de solution miracle. Comme beaucoup d’autres, j’aurais aimé voir un de mes polars adapté au cinéma !
12) Comment s’est fait le choix de votre maison d’édition ?
J’ai dû proposer mon premier manuscrit à 33 maisons d’édition (comme l’âge du Christ !) avant d’en trouver une qui accepte de le publier (Meurtre à la morgue, 2005). Comme ce premier polar a bien marché, je suis resté fidèle à cet éditeur. C’est une maison de taille moyenne, bien distribuée, qui fait un travail éditorial de qualité, et dans une ambiance amicale (ce qui est très important pour moi !).
Quelques questions sur vous et la lecture :
13) Qui vous a fait aimer la lecture/l’écriture ?
Mon entourage familial, très porté sur la culture et la musique. Nous étions 6 enfants. Mon père était très exigeant pour le français !
14) Quel est votre auteur préféré en dehors de vous-même bien sûr ! ?
Il y en a trop pour n’en citer qu’un seul !
15) Quel type de lecteur êtes-vous ?
Compulsif… dès que j’ai le temps (entre la médecine et la musique) ! Mais j’ai beaucoup de lectures en retard…
16) Qu’aimez-vous lire ?
Beaucoup de romans policiers bien sûr, mais aussi des livres historiques, des essais, des romans…
Quelques questions sur les blogs et tout le reste…
17) Que pensez-vous des blogs/groupes littéraires ?
Indispensables, intéressants, de qualité toutefois variable. Certains sont remarquables. D’autres ont tendance à « tourner en rond » en ne parlant que des mêmes. L’effet boule de neige peut alors conduire à un succès factice, rares étant ceux qui osent contredire les critiques enthousiastes de peur de se faire incendier par les fans !
18) Que pensez-vous de notre groupe en particulier ?
Je le découvre avec intérêt et vais pouvoir vérifier si les ambitieuses règles du groupe seront respectées !
19) Quel est pour vous l’intérêt de répondre à ce petit questionnaire ?
J’ai mal lu, vous avez dit « petit » ??? 😉
À me faire mieux connaître des membres du groupe, bien sûr… À ce propos, l’adresse de mon blog/site est www.olivierkourilsky.fr !
20) Comment gérez-vous les critiques des lecteurs de blogs qui ne sont pas des spécialistes ? (critique positive ou négative)
J’étudie avec attention les critiques négatives, si elles sont constructives et si elles respectent le travail du modeste écrivain que je suis. Je fulmine lorsqu’elles sont méprisantes, surtout si elles sont en plus mal écrites ou bourrées de fautes d’orthographe. Et je ronronne comme un gros chat en lisant les critiques positives…
21) Si vous deviez remercier un professeur que vous avez eu : ce serait qui et pourquoi ?
Je les remercie tous.
22) Pensez-vous que les jeunes ne sont plus capables d’apprécier la lecture ?
Je ne crois pas. Les auteurs jeunesse ont beaucoup de succès dans les salons du livre. Et je rencontre souvent des jeunes très intéressés. Ce qui n’empêche pas de rester vigilants.
22bis) Quels remèdes proposeriez-vous ?
Les professeurs de français ont un rôle considérable à jouer en stimulant l’intérêt des jeunes, sans tomber dans la facilité ni les contraindre. Les parents aussi…
23) Que pensez-vous du boom des éditions numériques ?
C’est globalement positif, et contrairement à ce qu’on craignait, cela n’a pas tué le livre papier. Le pourcentage du numérique reste assez stable. En ce qui me concerne, les ventes ont doublé lorsque mon éditeur a aussi sorti mes polars en numérique. Ce ne sont pas forcément les mêmes qui achètent en version papier et en numérique. Quoique… Comme beaucoup, bien que préférant le papier, j’ai de nombreux livres sur mon I-Phone, que je lis dans le train par exemple.
24) Quels conseils donneriez-vous aux jeunes écrivains ?
S’armer de courage et de persévérance !
25) La parole est à vous : une dernière phrase ? pensée ? critique ?
Messieurs les Français, lisez les premiers !